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Classement des CD par âge
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Le vieux port de Dunkerque DĂ©jĂ bien en verve sous la plume du marseillais Serge Valletti, Renseignements gĂ©nĂ©raux ou l’histoire du deuxième mythomane, extraits de ses Six Solos (L’Atalante, 2004) prennent une dimension toute nouvelle interprĂ©tĂ©s par le Belge Eddy Letexier, qui en fait un vĂ©ritable spectacle ch’ti et dĂ©lirant Un homme est chez lui tranquillement attablĂ© Ă siroter son « mĂ©lange impec » quand un autre, tout petit, 1,30 peut-ĂŞtre, enfin vraiment tout petit sonne et, se rĂ©clamant d’une annonce dans le journal, vient pour le travail. Erreur sans doute, comme la faute de frappe qui lance tout le film Brazil (1), car il n’y a pas de travail Ă fournir ici, mĂŞme on en chercherait, mais cela suffit Ă engager une discussion houleuse, qui fait sortir les voisins. Après une rixe, tout le monde est conduit au poste par « l’police ». Quand il en sort, le narrateur est suivi par le petit homme et ne lui Ă©chappe qu’en s’engouffrant dans un taxi. Il poursuit alors sa nuit « chez Rozy », bar de nuit, puis est pris en otage par un cambrioleur sur lequel il tombe « au coin de l’rue ». Comment il va s’Ă©chapper ? Comment la police va le croire complice ? Comment il va se retrouver attachĂ© Ă un radiateur, radiateur avec lequel il ne va pas tarder Ă engager la conversation ? Comment il va s’Ă©chapper, revenir « chez Rozy » et finir sa nuit sur un banc Ă regarder la mer ? Tout ça n’est qu’une suite de pĂ©ripĂ©ties qui tiennent Ă la fois du dĂ©lire le plus sympathique et de la pure logique.
La logique du fou Un Ă©vĂ©nement en induit un autre, et cela suffit Ă crĂ©er le lien logique, jamais mis en cause. Par exemple, « chez Rozy », bar qui est sur son chemin la seule lumière ouverte de nuit, il manque de se faire sortir quand il demande Ă parler Ă la patronne, Rozy, et fond en larme quand il apprend qu’elle est morte, car il l’aimait bien, sa petite Rozy... Tout est ainsi, un rien suffit Ă faire naĂ®tre le petit dĂ©lire qui conduit le rĂ©cit encore un peu plus loin, un peu plus profondĂ©ment, dans la fantaisie la plus folle. On apprend beaucoup de chose, entre deux, chaque variation Ă©tant un petit exposĂ© nĂ© sans doute du doux dĂ©lire mais follement truculent : Ă quoi servent les costumes (Ă savoir quel est son travail en cas de rĂ©veil soudain après une plus ou moins longue phase d’amnĂ©sie...), comment on entre dans un radiateur, quelles sont les mĂ©thodes de la police... Comme un long sketch des Deschiens, sans vulgaritĂ©, sans rien de facile et convenu, juste la poĂ©sie grĂ©sillante d’un enfant du Nord.
Le miracle de la voix Si le texte original de Serge Valletti est par lui-mĂŞme une grande rĂ©ussite, l’interprĂ©tation qu’en donne Eddy Letexier nous emporte dans un autre monde, celui du narrateur et de son dĂ©lire. Mais est-ce un dĂ©lire nĂ© de l’abus du « mĂ©lange impec » ou n’est-ce qu’une errance nocturne nourrie de rencontres ? Letexier fait complètement sien ce texte, il le recoupe Ă sa taille et lui offre une dimension scĂ©nique incroyable, usant et abusant des ondulations de sa voix douce et gueularde Ă la fois, ondulations du Nord... Renseignements gĂ©nĂ©raux, comme un vrac hasardeux, un coffre aux trĂ©sors dont l’Ă©coute est un vrai moment dĂ©licieux. LoĂŻc Di Stefano - Boojum-mag.net
Quiconque ignore la poésie espagnole, comme votre serviteur, n’a aucune connaissance de Juan Ramon Jimenez, prix Nobel et célèbre dans tout le monde ibérique. Il ferait volontiers penser à notre Alphonse Daudet, au moins pour Platero y yo, conte populaire en prose qui met en scène un âne et son maître. Le compositeur espagnol Mario Castelnuovo-Tedesco (trop méconnu en France !) l’a mis en musique. Un récent disque nous permet de l’entendre avec la voix de Clément Riot, également traducteur, et la guitare de Miguel-Angel Romero.
Nous sommes en Espagne, en Andalousie, et à travers les 28 strophes de l’oeuvre on pressent une perception quasiment sacrée de l’animal et de toutes les facéties de ceux qui l’entourent : avènement de la création, bonheur de vivre quels que soient les êtres, dans un monde restreint et surtout peuplé d’enfants pauvres. Le soleil frappe la campagne, le compositeur lui rend hommage avec une partition plus que brillante, sa composition est celle d’une oeuvre originale animée de préludes vifs, de sonorités recherchées et personnelles, avec cependant de plus moins lointains échos d’oeuvres populaires, chansons célèbres, danses anciennes (cf. Ronsard), flamenco, etc.
Et couvrant tout cela, le timbre chaud de ClĂ©ment Riot qui chuchote sur le grave, enveloppe les mots avec une prĂ©caution particulière pour Platero, Ă qui il ne manque plus que de pouvoir rĂ©pondre, et ainsi rendre compte de l’activitĂ© du village oĂą il domine quasiment comme un Christ, un ĂŞtre spirituel de filiation franciscaine Ă qui il manquerait les oiseaux de saint François peu prĂ©sents, Ă l’exception d’hirondelles et de leur « vacarme de becs » ! Claude Glayman
Elisabeth Calandry et Nathalie Berbaum : conte et musique « …L’imagination est le premier outil de la connaissance, n’importe quel mathĂ©maticien vous le dira. » (Luda)
Elisabeth Calandry est reconnue par ses pairs dans un pays, le bassin grenoblois, qui pourtant ne manque pas de conteurs ni de conteuses : en tĂ©moignent le cĂ©lèbre festival des Arts du RĂ©cit (oĂą bien des fois se sont croisĂ©s des Yannick Jaulin, des Sotigui KouyatĂ©, pour s’en tenir aux stars), ou encore le label OuĂŻ Dire, spĂ©cialisĂ© dans l’édition de contes sur CD. En dix ans, elle y a multipliĂ© les crĂ©ations adaptĂ©es du fonds traditionnel, folkloriste (Les pierres caillasses d’après George Sand) ou de collectes personnelles sur l’Histoire ouvrière locale (Fil de soie, fils de vies), ces deux spectacles en duo avec le conteur Dominic Toutain. Sa rencontre, voici trois ans, avec Nathalie Berbaum, violoniste (KordĂ©van, Plein Chant avec GĂ©rard Pierron…), chercheuse de mots et costumière, dĂ©bouche sur un duo qui, après trois spectacles, et Ă l’heure oĂą l’on fait et dĂ©fait des groupes toutes les cinq minutes, est un vrai gage d’amitiĂ© et de complicitĂ© artistique. Dès leur premier spectacle, elles forment en scène une entitĂ© oĂą chacune trouve son Ă©quilibre dans la connivence avec l’autre. Bergères, en 2006, est une adaptation entièrement acoustique – violon et voix - des cĂ©lèbres collectes alpines de Charles Joisten. Suit La mouche et l’abeille en 2007, contes, comptines et chansons pour les tout petits. Le troisième spectacle, La danse des pois, adapte une dizaine de rĂ©cits « collectĂ©s » par le folkloriste Anatole Le Braz pour ses LĂ©gendes de la mort (1893-1902), Ă l’origine en partie de l’actuel imaginaire breton. Il est Ă©galement une porte ouverte sur l’électroacoustique. HabituĂ© Ă crĂ©er dans le dĂ©nuement, le duo a habilement mis ici le manque de moyens au service d’une esthĂ©tique de la sobriĂ©tĂ© : deux femmes seules en scène, sans dĂ©cor ni accessoires, tissent un entrelacs sonore oĂą mots et musique se croisent comme trame et chaĂ®ne. Intimement mĂŞlĂ©es, confidences de la conteuse et interventions de la musicienne (violon, chant, effets, composition et Ă©criture) brossent ainsi un univers presque intemporel, qui tient curieusement Ă la fois du lĂ©gendaire breton (landes et marins), du roman-feuilleton français en vogue Ă la fin du XIXe siècle (la longue histoire de Jean CarrĂ©) et de la dimension picaresque Ă l’oeuvre dans le gĂ©nial Manuscrit trouvĂ© Ă Saragosse de Jan Potocki (pendus qui parlent, auberges rĂŞvĂ©es, et structures Ă rallonge). La musique se propose comme montage de sĂ©quences sonores empruntĂ©es Ă la Bretagne ou l’Irlande, comptines, chants de marins, et effets d’ambiance utilisant tous les registres du violon, relayĂ©s par un discret boucleur, une boĂ®te d’effets, et efficacement spatialisĂ©s quand les conditions techniques le permettent. On pĂ©nètre ainsi en douceur dans un monde oĂą procĂ©dĂ©s narratifs (allĂ©gorie de l’homme qui porte la peste sur le dos, ellipses…) et thèmes du fantastique rĂ©gionaliste (intersignes, vieillards dĂ©cĂ©dĂ©s qui refusent de quitter le logis, batailles de spectres, ce fameux miroir-Ă©pave ailleurs rĂ©actualisĂ© par Alain Robbe-Grillet, etc.) opèrent Ă la fois comme variation sur le rĂ©el (Ă l’instar de la variation musicale sur un thème), subversion, vecteur d’initiation du personnage et, au final, acceptation du quotidien. Sans porter jusqu’à leur point de contradiction les ambiguĂŻtĂ©s Ă l’œuvre dans le conte fantastique, les deux artistes choisissent avec humour de surligner ça et lĂ l’ironie qui baigne ces textes lĂ©gèrement actualisĂ©s quant au dĂ©coupage et aux temps (prĂ©sent, passĂ© composĂ©) de la narration. Les projets ? Un travail sur les chants d’oiseaux (commande d’un parc rĂ©gional), un autre Ă partir de la mythologie navajo. Se dessine ainsi, trait par trait, la carte imaginaire d’un lĂ©gendaire contemporain subtilement réécrit et mis en formes. Un territoire, rĂŞve de chacun de nous, oĂą mots et musique se complètent, se cherchent et s’entraident. (Christophe Sacchettini)
Secrets et autres Mystères
Le fantĂ´me du bagne
La danse des pois
Récits de vie en temps de guerre
Monstres
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J’ai oui’dire, un blog de Citrouille
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